Au Cœur du Monde Par Bernadin Philogène | Édité par Sylvestre Fils Dorcilus
Depuis des décennies, le Moyen-Orient reste un théâtre de tensions géopolitiques, où la moindre étincelle peut embraser toute une région. Mais aujourd’hui, ce que nous observons entre Iran et Israël dépasse les affrontements classiques. Ce n’est pas seulement un conflit d’États. C’est aussi un engrenage où les puissances mondiales, les mémoires historiques, les alliances militaires et les discours identitaires s’entrechoquent au risque de provoquer une déflagration globale.
Une guerre aux portes de l’humanité
Les récentes frappes israéliennes contre des cibles iraniennes et la riposte massive de l’Iran avec des missiles balistiques — parfois capables de déjouer les systèmes de défense parmi les plus sophistiqués au monde — ont marqué un tournant. En ripostant, malgré la présence du bouclier américano-européen autour d’Israël, l’Iran a montré une volonté de se placer comme un acteur résilient, voire incontournable, du nouvel équilibre régional.
Mais à quel prix ? Les déclarations du commandant des Gardiens de la révolution affirmant que « les portes de l’enfer resteront ouvertes longtemps », soulignent un désespoir plus profond qu’une simple posture militaire. Il s’agit d’une guerre perçue comme existentielle par les deux camps.
Les puissants s’organisent, les peuples subissent
Alors que l’Iran exhibe ses missiles produits localement, capables d’atteindre leur cible malgré l’intervention de plusieurs armées étrangères, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et même la Jordanie mobilisent leur arsenal pour défendre Israël. Le président Trump, dans un ton martial, a averti que « l’Amérique répondra avec toute sa force » si ses intérêts sont attaqués. Mais il a aussi laissé entendre que Vladimir Poutine pourrait jouer un rôle de médiateur — un signal troublant qui révèle que ce conflit devient un échiquier entre les grandes puissances.
Et pendant que les chefs d’État négocient ou menacent, ce sont les enfants de Gaza, de Téhéran, de Tel Aviv, de Damas et de Bagdad qui vivent dans la peur. Ce sont les jeunes de toute une génération qui voient leur avenir englouti dans les débris d’un conflit qu’ils n’ont pas choisi.
Des mémoires douloureuses, des propos alarmants
Quand l’Allemagne, par exemple, condamne la riposte iranienne, la réponse d’un porte-parole iranien est cinglante : « C’est l’Allemagne qui a déclenché deux guerres mondiales. L’Iran a accueilli les Juifs fuyant Hitler. » Cette mémoire historique est invoquée non pour apaiser mais pour justifier et cela illustre combien les blessures du passé peuvent nourrir les flammes du présent.
Une impasse diplomatique dans un monde désorienté
Le ministre britannique des Affaires étrangères parle d’un moment dangereux. Il a raison. Car, ce conflit peut dégénérer à tout instant. Et pourtant, la diplomatie mondiale semble paralysée. L’ONU est silencieuse, l’Europe est divisée, la Russie et la Chine observent et avancent leurs pions dans l’ombre.
Que reste-t-il pour la paix ?
Nous devons refuser le piège du manichéisme. Ni Iran ni Israël ne peut prétendre à l’innocence absolue. Les deux nations, au nom de leur sécurité, ont commis des erreurs tragiques. Mais si nous ne voulons pas d’un nouvel Irak, d’une nouvelle Syrie ou d’un Afghanistan bis, nous devons exiger une diplomatie courageuse, multilatérale et humaine.
La paix n’est pas naïve. Elle est lucide. Elle suppose de comprendre que la sécurité d’un peuple ne peut se bâtir sur l’humiliation ou la terreur d’un autre. Elle exige de parler aux ennemis, de reconnaître les droits légitimes des peuples y compris ceux oubliés, comme les Palestiniens et aussi les dissidents iraniens ou les minorités israéliennes en quête de justice.
De la guerre imposée à la paix choisie
Ce conflit n’a pas été choisi par les peuples. Il est imposé par des logiques de puissance, des industries de guerre, des idéologies radicales et des leaders parfois déconnectés des réalités humaines. Mais nous pouvons choisir d’en parler autrement. D’en tirer des leçons. D’en faire un sujet d’éducation, de conscience et non de haine. La paix ne viendra pas d’une victoire militaire. Elle viendra d’une révolution morale mondiale : celle qui place l’humain, et non la puissance, au centre des décisions.-Fin-